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Lutter contre les allergies avec précision : comment les omiques transforment la pratique clinique

Le Position Paper de l’EAACI expose comment les approches omiques à haute dimension redessinent l’avenir du diagnostic et du traitement des maladies allergiques.

02 octobre 2025 4minutes

Un nouveau position paper de la European Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI) examine comment les sciences omiques telles que la génomique, la transcriptomique, la protéomique et la métabolomique transforment la recherche sur les allergies. En combinant les données moléculaires avec les caractéristiques cliniques, les chercheurs affinent les classifications des maladies, identifient des biomarqueurs et personnalisent les traitements pour des maladies telles que l’asthme, les allergies alimentaires, la dermatite atopique, la rhinite allergique et l’hypersensibilité médicamenteuse, même si des défis persistent dans l’application de ces avancées à la pratique clinique.

Le diagnostic et la prise en charge des allergies pourraient être à l’aube d’une transformation. Dans un article complet récemment publié par un groupe de travail de l’EAACI, réunissant un ensemble d’experts internationaux, dont des scientifiques du Luxembourg Institute of Health, les auteurs évaluent comment les technologies omiques aident à tracer de nouvelles voies pour comprendre et traiter les allergies.

La Dr Christiane Hilger, co-responsable du Molecular & Translational Allergology Group au Luxembourg Institute of Health, a participé au EAACI Task Force ‘Omic technologies in allergy research’ qui a publié l’article. Le sujet est étroitement lié aux priorités du groupe : la recherche centrée sur le patient, visant à améliorer le diagnostic et le traitement des patients allergiques.

Le terme « omiques » désigne des sciences à grande échelle et riches en données telles que la génomique (gènes), la protéomique (protéines), la transcriptomique (ARN), la cytomique (cellules) et la métabolomique (métabolites). Ensemble, ces approches permettent de générer des profils moléculaires détaillés, fournissant plus d’informations que les diagnostics traditionnels. Plus important encore, elles font progresser la compréhension mécanistique des maladies allergiques.

Dans l’article, les chercheurs soulignent comment ces connaissances commencent à améliorer la classification des maladies. Par exemple, l’asthme, longtemps considéré comme un trouble unique, est désormais vu comme un ensemble de sous-types avec des mécanismes sous-jacents différents. Les études omiques ont déjà identifié des signatures moléculaires capables de classifier les patients asthmatiques de manière plus précise, permettant ainsi des traitements plus personnalisés. Des avancées similaires ont également été rapportées pour la dermatite atopique, la rhinite allergique, les allergies alimentaires et l’hypersensibilité médicamenteuse.

Au-delà des maladies individuelles, les auteurs attirent l’attention sur les chevauchements entre différentes maladies allergiques. En comparant les voies moléculaires, les chercheurs découvrent des mécanismes communs qui expliquent pourquoi certains patients sont prédisposés à plusieurs allergies. De telles découvertes pourraient ouvrir la voie à des thérapies ciblant des causes partagées, plutôt que de traiter chaque maladie isolément.

Bien que les omiques soient prometteuses, d’importants obstacles subsistent. Les problèmes de coût, de standardisation de la collecte et du traitement des échantillons, de complexité des données et d’approbation réglementaire nécessaire au partage de données en open source freinent la traduction des découvertes en outils cliniques. Le besoin de procédures de biosampling peu invasives et de méthodes hautement sensibles permettant des analyses multi-omiques sur un seul échantillon ajoute également aux défis. Pour surmonter ces obstacles, l’EAACI appelle à renforcer la collaboration entre scientifiques, cliniciens et spécialistes des données, ainsi qu’à harmoniser les protocoles et investir dans la recherche translationnelle.

« L’intégration des omiques dans la recherche sur les allergies offre une opportunité sans précédent d’aller au-delà des traitements uniformes et de développer des diagnostics capables de prédire qui répondra le mieux à quelle thérapie. Nous ne faisons pas que classifier des molécules et des maladies, nous les cartographions d’une manière qui devrait améliorer directement la vie des patients,

souligné Dr Christiane Hilger.

L’article conclut que, même si beaucoup reste à faire, la voie à suivre est claire. Si elles sont correctement intégrées dans la pratique clinique, les technologies omiques pourraient conduire à des soins allergologiques plus personnalisés, à des diagnostics plus précoces et plus précis, et à une utilisation plus efficace des ressources de santé. Pour des millions de personnes souffrant d’allergies, la traduction de ces sciences dans les soins médicaux de routine est d’une importance capitale.

Scientific Contact

  • Dr Christiane
    Hilger
    Co-leader of the Molecular & Translational Allergology Group

    Contact

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