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Diabète : Une stratégie multiforme pour lutter contre une maladie polyvalente

Les initiatives de recherche du LIH s’attaquent au diabète sous tous les angles

14 novembre 2023 9minutes

À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, le Dr Guy Fagherazzi, de l’unité de recherche LIH Deep Digital Phenotyping, nous présente les projets de recherche qui améliorent activement le dépistage et le traitement de cette maladie complexe, en l’abordant sous différents angles.


Le diabète est une maladie chronique qui se présente sous deux formes principales : le diabète de type 1 (T1D), caractérisé par l’incapacité de l’organisme à produire de l’insuline, et le diabète de type 2 (T2D), dans lequel l’organisme a du mal à utiliser efficacement l’insuline, une hormone cruciale pour le métabolisme du sucre. Actuellement, le diabète touche 1 personne sur 10 dans le monde, mais de nombreuses personnes ne sont pas diagnostiquées en raison des difficultés de dépistage. Cette situation est alarmante, étant donné la forte augmentation des cas diagnostiqués, les estimations suggérant que d’ici 2045, 1 adulte sur 8 fera face au diabète.

Bien qu’il n’y ait pas de véritable antidote, la gestion du diabète implique des changements de mode de vie et, éventuellement, des injections quotidiennes d’insuline. Toutefois, cela nécessite une surveillance constante de la glycémie, par le biais de médicaments, d’exercices physiques et d’un régime alimentaire, ce qui peut avoir des conséquences émotionnelles et psychologiques importantes pour les personnes qui vivent avec cette maladie.  

À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, nous avons rencontré le Dr Guy Fagherazzi pour discuter des initiatives prises par son équipe au sein de l’unité de recherche Deep Digital Phenotyping du Luxembourg Institute of Health pour lutter contre le diabète.

Dr Fagherazzi, pourriez-vous nous parler des principaux objectifs des initiatives de recherche sur le diabète de votre équipe et de la manière dont vous allez mettre en avant ces projets à l’occasion de la Journée mondiale du diabète ?

G.F. : « Notre équipe a deux objectifs principaux. Tout d’abord, nous cherchons à mieux comprendre comment prévenir les complications liées au diabète. Deuxièmement, nous nous efforçons de souligner l’importance de l’identification précoce du risque de diabète de type 2, dans le but de retarder, ou même d’empêcher, l’apparition de la maladie.  Nous avons entrepris divers projets pour atteindre ces objectifs. »

Commençons par les projets qui s’attaquent au fardeau psychologique du diabète. Pouvez-vous nous en dire plus ?

G.F. :« La prise en charge de la détresse psychologique associée au diabète est un point important de notre travail, et nous avons plus d’un projet qui s’y consacre. Dans une étude menée par Dulce Canha, étudiante en doctorat, sous la direction du Dr Aguayo et de moi-même, par exemple, nous avons constaté que les systèmes hybrides d’administration d’insuline en boucle fermée, qui sont censés améliorer le contrôle de la glycémie et réduire le fardeau quotidien du diabète, avaient un impact positif sur la réduction de la détresse liée au diabète chez les adultes. Cependant, il est important de noter que ces améliorations n’ont pas été observées chez les enfants atteints de diabète. Nous avons montré que même les technologies les plus avancées ne parvenaient pas à éliminer complètement la détresse liée au diabète, soulignant le besoin important d’identifier des solutions innovantes qui pourraient prévenir des niveaux élevés de détresse liée au diabète et améliorer le bien-être général des personnes vivant avec le diabète.

Dans le cadre d’un autre projet appelé PsyVoice, dirigé par l’étudiante en doctorat India Parker et sous la direction du Dr Gloria Aguayo et de moi-même, nous testons des interventions numériques basées sur la voix afin d’améliorer la gestion du diabète. L’objectif du projet est de créer un dispositif de surveillance à distance capable d’évaluer le bien-être psychologique d’un patient. Cette approche peut ouvrir la voie à des interventions de santé numérique personnalisées en fonction des capacités et des intérêts de chaque patient. Nous étudions également les besoins et les préférences des personnes atteintes de diabète de type 1 et de celles qui s’occupent d’enfants atteints de diabète de type 1 en ce qui concerne les ressources vocales, dans le but de mettre au point un outil conçu conjointement pour aider à gérer la détresse liée au diabète. »

Vous avez mentionné les interventions numériques en matière de santé : s’agit-il d’un aspect qui apparaît dans un plus grand nombre de vos projets ?

G.F. : « Les solutions de santé numérique jouent un rôle indispensable dans nos efforts de recherche en raison de leur capacité à améliorer les soins aux patients, à optimiser la prestation des soins de santé et à traiter efficacement de nombreuses données sur les patients à des fins de recherche. L’un des projets illustrant notre répertoire de recherche est celui de l’étudiant en doctorat Abir Elbéji, qui est à l’origine d’une méthodologie basée sur la voix dans le cadre du projet Colive Voice, une étude mondiale sur la santé numérique menée par le Luxembourg Institute of Health. Dans le cadre de cette initiative innovante, les enregistrements vocaux de personnes atteintes de diabète de type 2 sont exploités pour prévoir les symptômes et la gravité de la maladie, en discernant et en catégorisant les biomarqueurs vocaux. À terme, l’objectif de ce projet est de mettre au point des méthodes d’intelligence artificielle permettant de dépister le diabète simplement à l’aide d’un enregistrement vocal rapide. Les résultats préliminaires suggèrent la possibilité d’un outil de dépistage précis et évolutif du diabète de type 2 dans la population adulte américaine, ce qui pourrait potentiellement réduire le nombre de cas non diagnostiqués.

Nous avons également un projet en cours dirigé par Charline Bour, doctorante au département de Precision Health, qui étudie les différences régionales dans le fardeau du diabète à l’échelle mondiale. Cette recherche implique l’analyse de plus de 40 millions de messages sur les médias sociaux liés au diabète dans le monde entier, révélant que les personnes atteintes de diabète sont confrontées à des défis différents en matière de contrôle de la maladie et de symptômes en fonction de leur situation géographique. Ces informations seront très utiles pour concevoir des programmes de lutte contre le diabète qui améliorent la médecine personnalisée et l’autogestion, en répondant aux préoccupations spécifiques de la population locale.

Dans un autre projet, dirigé par Charline Bour, étudiante en doctorat, nous nous concentrons sur l’étude des différences régionales dans le fardeau du diabète à l’échelle mondiale. Cette recherche a impliqué l’analyse d’un ensemble substantiel de données comprenant 34 millions de messages sur les médias sociaux. Les résultats de notre étude ont montré que les personnes atteintes de diabète sont confrontées à des défis différents en termes de contrôle de la maladie et de symptômes, en fonction de leur situation géographique. Ces informations aideront à concevoir des programmes de lutte contre le diabète qui améliorent la médecine personnalisée et l’autogestion, en répondant aux préoccupations les plus pertinentes pour la population locale. »

Mais vos recherches ne se limitent pas au facteur psychologique du diabète : pouvez-vous nous dire comment vous améliorez le diagnostic et le traitement ?

G.F. « Bien sûr. L’un de nos efforts de collaboration avec des diabétologues français et la grande étude SFDT1 a débouché sur de multiples projets. Ces derniers se concentrent principalement sur le diabète de type 1 ( DT1). Avec le Dr Aguayo et nos partenaires français, la collaboration explore des facteurs critiques de la maladie, tels que le décryptage de l’hétérogénéité des phénotypes glycémiques parmi les personnes atteintes de DT1 en utilisant des approches d’intelligence artificielle (IA) avancées sur des données provenant d’appareils de surveillance continue du glucose. Cela souligne l’importance de prendre en compte des facteurs au-delà des mesures glycémiques isolées et de s’éloigner des approches uniques pour le contrôle de la glycémie et de s’orienter vers des stratégies de santé de précision en diabétologie. Nous menons également une étude, dirigée par l’étudiante en doctorat Dulce Canha, afin de mieux comprendre les déterminants de la détresse liée au diabète, dans le but de développer des stratégies préventives pour réduire la charge émotionnelle du diabète et améliorer le contrôle de la glycémie. En outre, nous étudions les facteurs qui conduisent à des complications du diabète moins fréquemment étudiées, telles que les troubles musculo-squelettiques, qui touchent près d’un patient sur trois atteint de DT1. »

Merci, Dr Fagherazzi. Avez-vous des remarques à ajouter ?

G.F. : «Nos efforts collectifs visent à avoir un impact significatif sur les soins du diabète. Nous nous engageons à mener des recherches innovantes, en utilisant l’IA, les biomarqueurs numériques et l’épidémiologie numérique, qui peuvent en fin de compte améliorer la vie de ceux qui sont confrontés à cette maladie chronique. Ces projets, et les nombreux autres à venir, représentent notre engagement à faire une différence positive dans le domaine du diabète. »

Scientific Contact

  • Guy
    Fagherazzi
    Director of Department of Precision Health

    Luxembourg Institute of Health

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