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Le suivi numérique des patients fait ses premiers pas

Une technologie portable pionnière dans le suivi à distance des patients souffrant de problèmes orthopédiques vise à améliorer les soins et à prévenir les conséquences à long terme.

18 août 2022 6minutes

Des chercheurs de l’Institut luxembourgeois de la santé (LIH) et du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), ainsi que la société Lux tech IEE, ont récemment lancé le projet GAITORING. Leur initiative vise à développer une technologie numérique portable qui fournira à distance aux prestataires de soins des informations sur la capacité de leurs patients à effectuer correctement leurs activités quotidiennes. Cette collecte de données sur la quantité et la qualité des mouvements aiderait les professionnels de la santé à améliorer les soins prodigués à leurs patients et à éviter les habituelles conséquences à long terme des affections orthopédiques.


Les patients souffrant d’affections orthopédiques courantes telles que les blessures musculo-squelettiques (par exemple, une entorse du genou), l’arthrose, ainsi que ceux qui ont subi une intervention chirurgicale, nécessitent généralement un suivi à long terme avec des visites médicales et des séances de rééducation régulières. Ces dernières représentent toutefois un examen standardisé dans un environnement contrôlé et, malheureusement, ne garantissent pas au patient un retour normal à ses activités quotidiennes sans aucune plainte ou déficience fonctionnelle à court, moyen ou long terme.

En dehors de l’hôpital, les patients peuvent, et c’est souvent le cas, effectuer des actions néfastes pendant leur rétablissement. Il peut s’agir d’altérations de leur démarche, de changements dans leur comportement en matière d’activité physique ou d’une charge excessive pendant les activités de la vie quotidienne, ce qui les expose à des conséquences à long terme (arthrose, blessures secondaires). Comme il n’est actuellement pas possible pour les professionnels de la santé d’observer ces altérations durant la vie quotidienne des patients, un moyen de les suivre au-delà de la salle d’examen représenterait une avancée significative vers la médecine personnalisée. Cela permettrait d’adapter les stratégies thérapeutiques en fonction de la récupération et du mode de vie de chaque patient. Pour tenter de répondre à ce besoin, les chercheurs du LIH dirigés par le Dr Laurent Malisoux du groupe Activité physique, sport et santé, en collaboration avec le service d’orthopédie du CHL et la société Lux tech IEE, sont à la recherche d’une solution de santé numérique. Avec le lancement de leur nouvelle étude GAITORING, ils visent à développer et valider un système de télésuivi capable de recueillir des informations sur l’activité des patients durant leur vie quotidienne.

La possibilité de suivre à distance le port de charge et les schémas de marche des patients aiderait les cliniciens à bien des égards, par exemple en détectant les mesures de la marche qui sont en dehors de la plage normale, en évitant la charge sur le membre blessé/opéré ou en contrôlant la charge progressive sur celui-ci. Le suivi des progrès du patient dans les conditions de la vie quotidienne est donc essentiel pour une bonne adaptation de son traitement

explique le Dr Malisoux.

Un élément clé du projet est un nouveau système technologique portable appelé ActiSense. Il s’agit de semelles sensibles à la pression, développées par les experts en capteurs IEE, qui sont insérées dans les chaussures du patient et reliées à des unités  de mesure inertielle qui détectent leurs mouvements. Associées à un logiciel d’analyse pour interpréter ces informations, les données tiennent compte non seulement de la quantité de mouvement (par exemple, le nombre de pas ou d’escaliers montés par jour), mais aussi de la qualité de ce mouvement (par exemple, la cadence des pas, le temps de contact, etc.)

« Les données relatives à la démarche et à la charge seront transmises par Bluetooth Low Energy à un dispositif intelligent, puis téléchargées sur le cloud via une application pour smartphone. Les résultats sélectionnés seront directement affichés par l’application au patient, tandis que le professionnel de la santé pourra accéder à des ensembles de données plus détaillés via une interface web », explique Martin Thinnes, responsable de l’accélérateur de capteurs imprimés et de vêtements à l’IEE, qui développe le matériel.

La première initiative majeure du programme, qui a été lancé en juin, consistera à recueillir les commentaires des utilisateurs finaux potentiels (c’est-à-dire les professionnels de la santé) sur leurs besoins dans leur pratique clinique quotidienne. Cela permettra d’identifier les paramètres de marche les plus critiques dont ils ont besoin pour évaluer l’état et les progrès de leurs patients. L’étape suivante consistera à mener une étude de validation pour évaluer la sécurité et les performances (validité, précision et fiabilité) du système par rapport à des mesures de référence dans un environnement contrôlé.

Enfin, une étude de faisabilité et d’acceptabilité menée par le CHL permettra de déterminer si la nouvelle technologie peut être mise en œuvre avec succès d’un point de vue clinique. Des patients volontaires souffrant d’affections orthopédiques seront invités à porter les dispositifs autant que possible durant leur temps de veille pendant une semaine, ce qui permettra aux chercheurs de savoir si les patients sont susceptibles d’utiliser efficacement le dispositif et si les données obtenues sont considérées comme pertinentes et utiles pour les professionnels de la santé.

L’ensemble du processus vise à recueillir les commentaires des patients et des cliniciens afin d’affiner la technologie et de créer un système pratique ayant un impact maximal dans le monde réel. Cela pourrait ensuite conduire à des essais plus ciblés, par exemple chez des patients présentant un risque d’arthrose secondaire du genou ou traités pour une arthrose primaire/secondaire du genou.

Le projet proposé nous permettra de franchir des étapes importantes vers la mise à disposition pour les patients de cette nouvelle solution de santé numérique. Non seulement cette innovation sera validée selon les exigences des meilleures applications liées à la marche, mais elle suivra la voie réglementaire vers la certification médicale du dispositif, ce qui permettra aux patients et aux cliniciens d’y accéder

résume Dr Malisoux.

Le projet a été financé dans le cadre d’un appel conjoint du Fonds national de la recherche (FNR), du ministère de l’économie (MECO) et de Luxinnovation. L’étude doit durer jusqu’en novembre 2024, et la phase initiale de retour d’information du projet doit commencer en septembre. De plus amples informations sur GAITORING sont disponibles sur le portail de la recherche du LIH.

Financement et collaborations

Ce projet PPP Healthtech GAITORING bénéficie du soutien financier partagé du Fonds National de la Recherche (FNR) et du Ministère de l’Economie.

Scientific Contact

  • Laurent
    Malisoux
    Group Leader, Physical Activity, Sport and Health

    Department of Precision Health

    Contact

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